À l’ère du numérique, l’espace de travail ne se résume plus au lieu physique de l’entreprise. En répondant aux appels et mails professionnels en dehors de ses heures, on gomme peu à peu la frontière entre vie professionnelle et vie privée.
Le droit à la déconnexion essaie de contrer ce mode de fonctionnement mais peine à s’imposer. D’où l’importance d’en faire un véritable devoir…
Qu’en est-il du droit à la déconnexion en 2017 ?
Pour rappel, le droit à la déconnexion a été introduit le 1er janvier 2017. Mais le Code du travail ne fixe pas de modalités d’application précises. Ces dernières se décident au niveau de chaque entreprise lors de la négociation annuelle sur la qualité de vie au travail. Il n’y a d’ailleurs pas d’obligation à aboutir à un accord sur le sujet.
Dans un tel cas, l’employeur, après avis du comité d’entreprise ou des délégués du personnel, élabore une charte qui définira les conditions de ce droit. Elle devra aussi prévoir la mise en œuvre d’actions de sensibilisation en la matière.
Le droit à la déconnexion peut donc prendre de nombreuses formes selon ce qui est décidé. Et il n’est pas forcément appliqué dans la pratique…
Par exemple, en août 2017, un sondage de l’Ifop montre que 78% des cadres consultent encore leurs mails et SMS professionnels sur leur temps libre.
Le refus de déconnexion : quelles causes ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce déni du droit à la déconnexion.
Le fonctionnement même des entreprises modernes va à l’encontre de la déconnexion : on fournit des téléphones professionnels aux collaborateurs, on créé des groupes Facebook internes, on renvoie les appels vers le téléphone personnel. La vie de l’entreprise se fond dans la vie privée des salariés. Avec ces signaux contraires, les collaborateurs se trouvent dans une situation paradoxale : on leur donne le droit de se déconnecter mais on leur fournit les outils pour qu’ils restent connectés en permanence.
Cet aspect s’associe à la culture du présentéisme qui véhicule l’idée qu’un bon collaborateur est un collaborateur présent et joignable. Même en ayant le droit de se déconnecter, ils ressentent alors une certaine culpabilité à le faire et/ou craignent pour leur réputation. De là, leur donner les outils pour être joignables revient à leur forcer la main, même sans le vouloir. Et ils ne peuvent tenir tête à cette pression implicite.
Enfin, certains cas de figure rendent la déconnexion complexe, surtout quand elle n’est pas clairement définie. Par exemple, les personnes qui travaillent à l’international : entre jours de repos différents d’un pays à l’autre et décalage horaire, difficile de se déconnecter quand c’est nécessaire.
Pourtant, tout le monde y gagnerait. Il est prouvé que répondre à des mails professionnels après sa journée stresse les collaborateurs. Or, un collaborateur stressé est un collaborateur qui perd en efficacité…
Le devoir à la déconnexion, une nécessité ?
La question de la déconnexion s’avère complexe. Concrètement, les modalités sont trop flexibles et un simple droit ne saurait changer des années de mauvaises habitudes.
En revanche, un devoir de déconnexion sortirait les collaborateurs de leur dilemme. Si l’entreprise n’a pas le droit de leur envoyer un mail après 20h, ils n’auront pas à y répondre à 21h par peur d’être mal vus.
Le devoir de déconnexion assurerait des modalités précises pour chaque entreprise, là où un accord d’entreprise ou une charte peuvent rester vagues sur certains points. Si toutes les entreprises ne peuvent effectivement pas fonctionner de la même façon, s’assurer qu’elles mettent en place un système concret et applicable est essentiel.
Certaines entreprises vont déjà dans ce sens et même plus loin en supprimant automatiquement tout mail envoyé durant le weekend. Si la mesure peut paraître extrême, elle préserve au moins le droit à la déconnexion des collaborateurs comme s’il s’agissait d’un devoir. Très vite, chacun prendra l’habitude et s’abstiendra d’envoyer un mail en dehors des heures effectives. Chacun ressortira plus paisible de ce nouveau mode de travail qui n’empiète pas sur la vie privée des collaborateurs.
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